Tous les champs de la recherche se sont risqués à prédire le mode d’après, les sociologues, les économistes, les écologistes et autres juristes se sont livrés à des prospectives.
La révélation des changements de société, confirmés par cette crise, doit nous inviter à revisiter les modes d’exercice du pouvoir. Le détour par les neurosciences nous offre un éclairage inédit pour aborder la question du pouvoir et pour se risquer à évoquer un autre paradigme.
L’exercice du pouvoir a formaté les rapports sociaux depuis que l’homme est apparu sur la terre. La volonté de domination s’est traduite dans tous les domaines des relations entre les hommes, et le processus de transmission a posé le principe que la volonté de domination était consubstantielle de l’homme. La plus grande majorité des philosophes qui ont analysé la question du pouvoir depuis Platon jusqu’à Max Weber ont posé le rapport politique comme rapport entre gouvernants et gouvernés, en termes de commandement et d’obéissance, donc de domination. Hannah Arendt a eu l’audace de proposer une autre analyse de la notion de pouvoir et de son exercice et c’est sur ses pas que nous proposerons une autre façon de faire de la politique.
Le chemin sera long dans la mesure où la quête de la position dominante constitue la base de l’éducation. Les parents n’attendent pas de leur enfant qu’il pas apprenne, travaille et se cultive pour s’épanouir, mais pour qu’il soit le premier, le plus fort, le plus tout, pour intégrer la classe des dominants et être détenteur du pouvoir. La compétition est considérée comme le levier de la performance et elle est louée dans tous les milieux sous des vocables différents compétition : concurrence, performance individuelle….
L’idée de la compétition mérite d’être encouragée si elle s’apparente à de l’émulation ? Cependant, cette émulation n’est possible que si le compétiteur ne vise pas une récompense financière ou une récompense individuelle mais s’il agit au service de l’intérêt collectif.
La recherche du vaccin contre le corona virus montre les limites de la compétition lorsqu’elle a pour objectif de satisfaire la cupidité. La recherche du vaccin est une démarche d’intérêt général collectif qui aurait dû donner lieu à une coopération internationale, un échange de résultats entre les laboratoires et les centres de recherche. Il n’en n’est rien et la compétition entre les laboratoires est au cœur de cette recherche sur fond de bénéfices financiers attendus. Les philosophes qui ont investi ce champ de la philosophie politique ont proposé des définitions du pouvoir qui finissent toutes par rejoindre la formule de Bertrand de Jouvenel « commander et être obéi » imposant les principes de la domination et de la soumission comme bases du pouvoir.